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Critiques de l’œuvre

 

« L’auteur John Nash F Agera nous transporte dans un environnement où l’humain est décharné de toute valeur symbolique, du moins au regard du grand public. Les personnages de la pièce, réifiés et en apparence rendus vils [à l’image de cette société post-moderne devenue folle], révèlent la prostitution du corps comme chaque jour nous nous prostituons nous-même, parfois inconsciemment, par l’esprit.

L’auteur, non sans l’audace et le goût du risque, s’emploie à démontrer, malgré l’obscénité et la laideur trompeuse du texte [dont le contenu est avant tout révélateur d’un désenchantement consumériste majeur], que l’homme a toujours en lui ce désir de cultiver la beauté et cette envie de favoriser son émergence… même lorsque le désespoir et la ruine menacent !

La plupart des lecteurs seraient tentés de croire que l’auteur livre là ses fantasmes les plus obscurs sous le boisseau de l’anonymat… Il n’en est rien… car tout comme les écrits du poète Dimitri Dimitriadis, cette œuvre insolite est un effet de miroir avant-gardiste mettant en évidence les symptômes d’un monde étrangement prophétique.

Mieux vaut mourir que de perdre espoir ; l’amour est plus fort que tout : voilà les messages que je retiens de cet ouvrage… même dans la boue apparente d’une société désaffectée, ou le priapisme reste la seule drogue pour se sentir exister ! »

Franck Trommenschlager, psychanalyste - psychosociologue
http://www.psy-luxeuil.fr/

 

 

« Épopée de la nuit première heure » est le livre qui passe le chiffon sur les anciens corps. Il prône évidemment la souveraineté individuelle de l'homme et annonce cette étonnante révolution rimbaldienne, celle dont Rimbaud rêvait toujours. Mais l'auteur (John Nash F. Agera) nous dit que « les humains manquent de construction intellectuelle », que le monde est vieux de concepts archaïques et il semble que l'Humanité n'est pas encore prête pour de telle révolution. Il fait donc alors l'éloge d'une Saison en enfer, du Mythe de Sisyphe, de l'Homme Révolté, de Freud, et j'en passe… Une invitation à fustiger la morale institutionnelle, cette « morale d’esclaves » comme pourrait l’appeler Nietzsche, la substituer de toute évidence à « la morale des maîtres ». Un réquisitoire contre les vendeurs d’arrière-monde. Une gifle à l’Humanité. En effet l’astre/l’axe de l’univers ne tourne qu’au présent dans cette sombre atmosphère aussi rude et sidérante. Par conséquent l´instant présent y est célébré et mis en exergue comme unique facteur de bien-être ou de bonheur. L’idéal ascétique est annihilé et l’homme y est invité à vivre pleinement ses passions et ses désirs dans l’éphémérité des choses. Des mots qui me brassent les biles, m’emmerdent au plus haut point. Un monde grouillant d’énergie, tourbillon volcanique de mots/maux chaudés bondés de philosophie à longueur de pages. Un livre qui émane du fin fond de la thébaïde existentielle et qui peut choquer bien entendu par sa toute puissante tonalité ahurissante, et, l’auteur, est affranchi de toutes contraintes civiles. Mais il le sait et assume pleinement tous les risques du langage, en connaît effectivement toute son utilité apparente : « Le langage recouvre des degrés multiples de compréhension et d’interprétation de la réalité objective : en verticalité, en transversalité, en affectivité, et il est souvent inutile de parler ». Mais de quelle planète vient John Nash ? Il n’est pas en effet de la planète terre, il est d’un autre souffle, d’une autre vigueur, d’une autre vision, d’une autre pensée…

© Raynaldo Pierre Louis,

Poète-écrivain

République Dominicaine, novembre 2014

 

 

Certains livres étonnent par les soupirs qu’ils inspirent. Non qu’ils manquent de supériorité, mais le service qu’ils rendent à la littérature semble se perdre entre faiblesse et infortune. Avant que ces textes sortent du néant pour mieux y retourner, il convient d’en déterminer la substance. Si leur intérêt est à mesurer en fonction du lecteur, leur apparente insignifiance oblige à se poser la seule question qui vaille : sont-ils aussi médiocres qu’ils en ont l’air ?

Ce ne sont ni l’argent ni le sexe qui font tourner le monde, mais l’orgueil et la concupiscence. Si, en outre, l’un et l’autre se réduisent à de strictes impulsions masculines, l’effet est dévastateur pour l’âme, réduisant le corps et l’esprit à un antagonisme d’intérêts végétatifs et sensitifs. Voilà comment l’on résume en deux phrases L’Epopée de la nuit de John Nash F. Agera. Véritable OVNI théâtral, le texte semble avoir été traduit mot pour mot (c’est à dire mal) de l’anglais américain, à moins qu’il ne s’agisse du premier jet d’un français rebattu, sans autre intérêt que de nier la langue pour, peut-être, mieux la reconstruire… On ne sait pas. Le doute peut séduire, en tout cas il interpelle. L’épopée de la nuit chancelle entre le génie d’un auteur en devenir et la médiocrité d’un dramaturge refusé par tous les metteurs en scène… Une fois encore, on ne sait pas. Les formes stylistiques sont plurielles, elles se suivent sans se ressembler, véritable partouze de figures et idiotismes, au point que John Nash F. Agera semble dégouté de ses propres inspirations à vouloir ainsi les épaissir.

“… On m’a tué il y a bien longtemps. je ne suis plus qu’un fantôme. une coquille vide que l’on remplit de glaires de jouissance, un prototype de robot intime destiné à vider les couilles de leur propriétaire. (…) Voilà ce que je suis : une propriété éphémère utilisée pour assouvir les besoins sexuels de ceux qui souffrent, sont malades, rendus fous par une société étouffante et archaïque.

Faute de véritable exigence, les dialogues (inégaux tout au long du texte) relèvent néanmoins d’une incontestable force, faisant passer Bret Easton Ellis et Guillaume Dustan pour des enfants de coeur indisciplinés. On pense à Fassbinder mais on regrette Genet. Certaines pages ont l’incandescence d’une trajectoire fétide, d’autres sont encore plus nauséabondes et d’une lecture écœurante. Il faut, en outre, être intellectuellement aussi perturbé que l’auteur pour entrer dans son histoire nourrie de truismes glauques et de vanités complaisantes. C’est le côté Marivaux de John Nash F. Agera, qui semble avoir la fausse modestie de ne pas vouloir être admiré. On aurait apprécié davantage de canailles, de crapules et de fripouilles, plutôt que cette misère inconvenante perdue dans un décor glauque entre abandon et désespoir. John Nash F. Agera n’écrit (peut-être) pas à jeun, et ma supposition lui fera (sans doute) plaisir tant il joue avec l’inconvenance facile des nuits agitées. Voilà ! Sinon, il y a aussi les illustrations de Toze Figueiredo. On regrette qu’elles ne soient pas en couleur mais il est admissible qu’un livre à 6 € justifie des coûts réduits. Là encore, l’harmonie s’effondre puisqu’il ne s’en dégage aucune avec le texte, mais c’est précisément ce qui en fait la force : une illustration “décalée” est toujours plus intéressante qu’un pléonasme visuel.

Alors ! Faut-il acheter Épopée de la nuit (Première heure) de John Nash F. Agera ? Bien entendu. Faut-il le lire ? Évidemment puisque vous l’aurez acheté. Mais pas parce que c’est un bon livre, non plus une pièce de théâtre intéressante, c’est même le contraire et, au final, ce texte ne vaut que par la subjectivité du lecteur qui acceptera (ou pas) d’y voir la curiosité douloureuse et insaisissable des lieux sombres et noirs où les rencontres se confondent en de tristes débâcles humaines. Ensuite, chacun ira prier ou insulter qui il voudra.

Jérôme Enez-Vriad, auteur et critique littéraire

 

 

Très certainement, la "fiction" se situe aux antipodes de mon imaginaire mais les profondeurs qu'elle recouvre me bouleversent absolument !!!
Cela fait gouffre là où, lucidement naïf, je tente encore de repriser, de retoucher.

Il s' agit bien de cet "esthétisme du sursaut" dont il est question dans le texte.
Nécessaire et "cruel" comme le Théâtre d'Artaud.

Le Poète n'a-t-il pas été surpris dans sa "bonne foi" ?

Alors, j'adhère à cette foi et je ne crains aucune reprise !!!

Continue à leur envoyer tes phares dans les yeux : ils ont grand besoin d' être éblouis !!!

Ton texte ne s'est pas seulement installé un instant dans mon esprit : il y fait progressivement son chemin... Et c'est un chemin qui donne sur de très beaux paysages..
Il me semble avoir reçu "Les Fleurs du Mal" du XXI e siècle !

Tu dois avoir confiance : c'est une belle et grande œuvre !!!

Dominique Gabriel Nourry, professeur de Lettres et de théâtre, auteur 26/01/2011

 

Après avoir lu et relu ce livre, j'ai quitté le fait - c'était à ma troisième lecture - de le trouver grossier pour le trouver mélancolique.
J'ai senti les conditions humaines y être vomies toutes crues, sans ces masques que nous présentent les revues peoples ou la plupart de cinémas ; ici l'Homme est réduit à l'état où il est réellement dans ce monde moderne, un état de "simulacratie" (mot que j'ai appris dans le livre lui-même) et dont il ne peut en être sauvé que par l'amitié, plus forte que l'amour, et par l'Amour véritable que propose l'amitié.
Les personnages de ce livre veulent, dans une nuit sans fin, avec des phrases aussi vives que mélancoliques, quitter le simple état d'exister à celui d'être, de vivre.
Or mis l'absence d'une histoire propre des personnages et sa concision, je n'ai pu rien reprocher à ce livre qui m'a - je l'avoue - grandi en le lisant.
Ma seule crainte est que, comme quelques brillants livres avant-gardistes comme lui - je pense particulièrement aux "Fleurs du mal" de Charles Baudelaire - ce livre soit venu quelques siècles avant son temps, et que les esprits voilés de notre époque n'en prennent pas la véritable quintessence.

Nash BETU KAPINGA, auteur et médecin, République Démocratique du Congo

 

D’une lecture, je me suis évadé, en avant première par une « Epopée de la Nuit – première heure » en point de fuite.

L’auteur est John Nash F. Agera.

Cette pièce de théâtre, de John Nash F. Agera, dont le titre est « Epopée de la Nuit – première heure », aurait pu s’appeler tout aussi bien : « de retour dans les tranchées de la valse des ombres ». La puissance des discours tenus et des dialogues de ces corps abandonnés à leurs instincts, démontre à quel point l’être humain peut atteindre la perfection de l’autodestruction par amour, pour le plaisir et par simple désir corporel de satisfaire le manque de satisfaction et leur vide quotidien.

La condition humaine, le tableau des âmes écorchées, il serait trop commode d’effectuer d’une pirouette, un simple rapprochement de « La Divine Comédie » de Dante avec cette « Epopée de la nuit –première heure », le monde peint avec justesse de ces nuits d’hommes pourraient très bien se dérouler ici à Paris, en province, comme il pourrait se respirer à Calcutta, Bangkok, Amsterdam, Hambourg.. l’odeur de la sueur des mâles et des maux. Le lieu en lui-même n’a aucune importance, car les premières heures de cette épopée font parties intégrantes d’une nuit Kafkaïenne, d’un monde hors norme où la richesse de l’esprit côtoie la pauvreté intellectuelle. Les cicatrices indélébiles de l’âme sont omniprésentes pendant toute la durée de la pièce.

Nul besoin de prouver le jeu érotique des personnages, nul besoin de mettre en valeur le jeu des acteurs, car le langage corporel est irrémédiablement recouvert par le texte d’une grande puissance émotionnelle qui démontre à tel point, nous autres, nous nous perdons dans le dédale du désespoir et de l’abandon. La cruauté du texte pourrait sembler être un électrochoc aux idées conçues des nuits de la damnation corporelle. Il n’en est rien !

John Nash F. Agera, dans l’écriture subtile d’un langage en dehors des voies habituelles, nous amène à réfléchir sur la réalité évoquée, un lieu – sordide - l’est-il ? Jusqu’à quel point sommes-nous conscient de notre propre descente aux enfers ? L’interprétation de nos faits et gestes, les silences pesants, les discours des tribuns de la nuit sont autant d’atouts mettant en valeur cette œuvre iconoclaste inclassable.

Une pépite, un OTNI (Objet Théâtral Non Identifié). Les codes des tabous sont dépoussiérés du placard du silence, l’auteur brise avec discernement les barrières psychologiques du « moi je » pour le plus grand bonheur de renaître hors du ghetto conventionnel des chemins coutumiers toutes tracées. L’unijambiste ampute sa jambe saine par rejet des principes mêmes de l’insatisfaction permanente du bien pensant, afin de mieux ressembler à tous les culs-de-jatte du monde.

John Nash F. Agera démontre par des pensées obscures et nauséeuses à quel point la démesure de l’égocentrisme de l’être humain finira par détruire son propre moi et ce qui l’entoure juste par besoin de sortir de sa solitude, de son état d’hébétude morbide et mortel.

L’auteur ne manque absolument pas d’air et encore moins d’engourdissement des facultés intellectuelles, il dépeint une société décadente avec justesse où chaque homme se shoot par personne interposée pour avoir l’air d’être vivant, ni amour, ni haine, juste une envie de vivre par procuration.

Une véritable déclaration d’amour à la vie, contre l’ennui, contre la médiocrité, une claque aux idées reçues et à la jouissance égoïste de nos émois passés et futurs. Tout cela servi avec brio !

Patrice Merelle (Auteur, poète)

 

Cette pièce est un sacré coup de poing poétique dans la gueule. Elle rejoint la cruauté d'Artaud. Cruauté que les imbéciles ont toujours pris au sens trivial du terme. Si j'avais encore l'âge et une meilleure forme, j'eus aimé la mettre en scène. Je ne vous le cache pas. Merci de m'avoir confié cette lecture éblouissante. Si vous êtes l'éditeur, allez-y!!!!! Je n'ai pas grand chose à vous apporter mais je vous l'offre de bon coeur. Car ce seul texte que vous, vous m'avez offert est un très beau cadeau.

Cristian Ronsmans, conférencier, Bruxelles

 

Qu’a-t-on encore à découvrir par delà les pertes de nos âmes dans une société globalisée où le modeste et l’infini se côtoient pour affronter l’asservissement à la pensée unique d’une réussite ne vivant que pour elle-même ?

John Nash F. Agera pose, à travers « Epopée de la nuit », les prémices d’une nouvelle heure. Un espace s’ouvre à travers son œuvre, celui d’une rencontre qui danse la vie sans ne rien réfuter, une rencontre écrite des sonorités du fracas de nos corps à même notre pragmatique quotidien, mais aussi de la beauté d’une musique qui tend à percevoir un autre monde, celui de l’espoir dans l’instant, de l’espoir que l’on se construit ici, ou même nulle part. Un no man’s land où toupillent nos gloires.

Ainsi, pour l’auteur, l’espoir c’est uniquement la vie et ceux qui la constituent. A côté de la pissotière où s’entremêlent les souffrances de ces autres, ceux qu’on ne perçoit plus pour ce qu’ils sont, mais pour ce qu’ils désirent sans élan, nait un espace de magie où le lugubre se trouve accompagné de la lumière afin de chanter nos origines. Là est l’espoir, il hurle au monde ses possibles et passe outre la fonction toute désignée de « machine à avoir » qui nous assomme dans une rencontre redécouvrant les étoiles.

Tout est alors rien et rien est tout. « Epopée de la nuit » mélange avec brio le néant de nos chemins de vie avec l’incroyable beauté que ceux-ci contiennent en leur centre. Le style de l’auteur en va de même. A la fois caustique, poétique, chargé d’humour, profondément noir, ou encore à fleur de « corps », tout y trouve sa place progressivement, ouvrant une voie où chacun pourra y percevoir ses propres résonances quelque soit son parcours.

Il s’agit d’une nouvelle porte entre les êtres, John Nash F. Agéra nous offre, à travers son œuvre, une clé pour la faire exister. Bien qu’elle puisse être brûlante, il nous propose, avec sa propre vérité, de la saisir.

Cédric Robert, Bruxelles, 21/07/2014

réalisateur cinéma et télévision,
auteur poésie et littérature, réalisateur documentaire